La Grotte d'Orthial

 

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HISTOIRE DE LA GROTTE D'ORTHIAL

 

Les Religieuses du Sacré-Coeur, établies à Orthial depuis 1851, manquaient d'eau dans leur petite propriété. Ce grave inconvénient s'accrut avec le temps... Aussi, sur les indications d'un sourcier connu, résolurent-elles de faire creuser en un point le sol granitique du petit bois,  au-dessus de leur maison...

Au commencement du mois d'août 1888, les ouvriers se mirent au travail. Ils n'avaient d'autre but que de découvrir une source matérielle, cause de la fécondité de la terre ; ils allaient ouvrir un nouveau sanctuaire à Marie... Les recherches ne donnèrent pas tout d'abord de résultat, mais après quelque temps, 1'eau surgit soudain du rocher... Le dur travail de la perforation du roc fut donc continué et le 16 août, on découvrait un second filet d'eau, embranchement du premier. Ravies , les Religieuses donnèrent à leur fontaine le nom de : "Fontaine Sainte Marie "à cause de sa découverte le lendemain de l'Assomption

.... Les travaux furent alors suspendus pIusieurs mois, durant lesquels la fontaine n'augmentait ni ne tarissait. La Supérieure de l'Établissement, Sœur Anastasie, soumit la chose à la Supérieure Générale de la Congrégation, qui, après s'être rendue sur les lieux, autorisa à reprendre l'œuvre commencée... Le chantier fut rouvert en mars 1889 et l'entreprise fut placée sous le patronage de Saint Joseph... À la fin du mois on avait une fontaine abondante et limpide... On ne tarda pas à remarquer que l'excavation pratiquée dans le roc pour obtenir l'eau, rappelait sensiblement celle des rochers de Massabielle.

De là à l'idée d'établir en ce lieu une grotte à Notre Dame, il n'y avait pas loin pour Sœur Anastasie dont la dévotion à Marie était pofonde. Elle oommuniqua sa pensée à Mgr l'Archiprêtre de St Pierreville qui 1'approuva  et promit de faire 1ui-même ce qui serait en son pouvoir pour seconder 1'érection d'un nouveau trône à Marie...
Encouragée de ce côté, Sœur Anastasie s'adressa de nouveau à ses Supérieures, qui, non seulement lui accordèrent l'autorisation demandée, mais se montrèrent heureuses de sa pieuse initiative, et lui donnèrent pleins pouvoirs pour mener son œuvre à bonne fin...

Pour la troisième fois, les ouvriers furent rappelés, mais cette fois pour régulariser l'excavation et faire une niche destinée à recevoir la statue de la Vierge, niche que l'on voulait aussi semblable que possible à celle de Lourdes... Ce fut un rude labeur : le rocher sur lequel on travaillait étant très dur... Ce fut aussi une source de dépenses considérables, car souvent il fallut recourir à la mine.  Mais la Providence vint en aide aux Religieuses, à qui seules incombaient tous les frais. Une personne amie leur fournit toute la poudre nécessaire à un prix modéré...

Puis Sœur Anastasie se fit mendiante pour la gloire de la Reine du Ciel. Tout d'abord, elle ne tendit la main qu'aux amis intimes, dont quelques uns, animés d'un grand amour pour Marie, lui firent de larges offrandes...

Un peu plus tard, encouragée par Mr L'Archiprêtre, et surtout par la bienveillance de toutes les personnes  à qui elle communiquait son projet, la zélée directrice élargit le cercle de ses demandes et chaque requête avait un succès inattendu...

Les travaux étaient maintenant à peu près terminés et on se préoccupait d'acheter la statue de Notre Dame de Lourdes, quand une pieuse jeune fille de la paroisse, Melle Elisa Blanchenay (Mme Dugand) offrit de la donner en souvenir de son mariage, voulant attirer la protection de Marie sur le foyer qu'elle allait fonder... Quelques mois après, la statue arriva de Paris à St Pierreville, où on l'attendait avec impatience....

On aurait voulu faire coïncider la fête de l'inauguration avec cette grande fête de Marie qu'est le mois de Mai. Et, dès l'arrivée de la statue, on s'empressa de fixer la cérémonie pour le 31 mai 1889... Un contre-temps imprévu obligea à la renvoyer  au dimanche 2 juin. Toute la semaine se passa en joyeux préparatifs, autant du côté des religieuses que du côté de la population de St Pierreville, heureuses de voir s'établir au milieu d'elle un nouveau motif de dévotion à Marie...

Le matin de la fête, le soleil se leva radieux, chacun s'empressa d'offrir ses services pour les derniers préparatifs ; aussi, rien ne manqua bientôt plus au gracieux décor de la petite ville, dans les rues de laquelle la Vierge bénie allait passer dans une marche triomphale...

À l'issue des Vêpres, la procession se mit en marche vers la grotte. Les enfants, en habits blancs, des oriflammes à la main, ouvraient le cortège. Puis venaient les congréganistes en costumes, avec leur bannière. La satue de la Vierge, délicatement parée, était portée par quatre jeunes gens de St Pierreville, heureux de donner à tous un témoignage de leur foi et de leur amour envers leur Mère du Ciel. La paroisse entière et beaucoup d'étrangers lui faisaient une escorte d'honneur. Un nombreux clergé, parmi lequel on remarquait M. l'Aumônier de la Maison-Mère des Religieuses ; Messieurs les Curés des paroisses voisines et M. l'Abbé Valette, enfant de St Pierreville, fermaient la marche. Le plus grand ordre et le plus profond recueillement ne cessèrent de régner, malgré la foule, grâce au zèle des organisateurs, à M. L'Abbé Savoie, vicaire de St Pierreville et M. Fustier à qui est dû un hommage particulier de reconnaissance...

Quant au chant ininterrompu des cantiques, les rangs serrés de la procession furent arrivés à la grotte, la foule fut massée afin que tous puissent voir et entendre :  au pied de la niche, on déposa la statue... Mr l'Archiprêtre, M. l'Abbé, procéda à la bénédiction, puis la Madone fut placée dans la niche, aux applaudissements de tous et au cri répété de : Vive Notre Dame de Lourdes ! Vive la France !

 

Mr l'Abbé Sibiodon, curé de St Fortunat fit alors entendre son éloquente parole, redisant, au milieu du plus profond silence, les louanges de la Mère de Dieu...

Soudain, le ciel déjà couvert de nuages, devint plus menaçant et quelques gouttes de pluie se mirent à tomber... Le prédicateur, voyant un peu le tumulte, et craignant pour cette foule inquiète, cessa un instant de parler ; et se tournant vers Mr l'Archiprêtre, lui demanda s'il devait continuer. Celui-ci, animé d'une foi aussi vive et aussi grande que celle du Père des croyants (Abraham), s'écria, sans hésiter : "Oui, continuez !" Mr Sibiodon reprit son discours et le continua tranquillement, tandis que les menaces d'orage s'éloignaient, laissant la fête se poursuivre tranquillement... Lorsque la cérémonie fut terminée, la procession reprit le chemin de l'église, où fut donnée la bénédiction du Très Saint Sacrement. Le soir, une illumination aux pieds de Marie Immaculée clôturait cette douce et inoubliable fête.

L'œuvre est commencée et les habitants de St Pierreville auront une protectrice fidèle... Pas un jour ne se passera sans que des cœurs pieux viennent déposer aux pieds de la Madone l'hommage respectueux de leur amour et de leurs prières... Dès le lendemain de l'inauguration, il s'institua à la modeste grotte comme une sorte de pèlerinage. Des personnes de foi viennent y prier, boire et se laver aux eaux claires de la petite source.

Parmi les malades qui, les premières ont éprouvé la protection de Marie se trouve la Mère Prachazal, dite Santelle, vieille infirme de 84 ans... Le jour de l'inauguration, elle voulut assister à la procession, malgré sa faiblesse et la difficulté qu'elle éprouvait à marcher... Elle n'hésita point de faire la pénible ascension.
Durant le parcours, elle n'en peut plus, et va se faire voir à la Vierge qui passe. Quand la statue se trouve tout près d'elle, elle se sent un courage subit ; elle peut marcher sans son bâton et monte lestement à la grotte... Depuis ce jour, elle ne cessa de remercier la Sainte Vierge et elle a laissé sa béquille à la grotte en ex-voto...

Le jour de la fête, Mme Verne de St Chamond (Loire), fit don à la grotte de la somme de 100 francs... Peu après, elle se trouvait soulagée d'une douleur au bras qui la faisait souffrir depuis longtemps...

Mme Veyrenche souffrait de l'estomac et des jambes : elle commença une neuvaine à la grotte où elle se rendait tous les soirs, accompagnée de jeunes files  et de quelques-unes de ses ouvrières. Peu de temps après, elle se trouva soulagée...

Un jeune homme des environs de St Pierreville avait, à une jambe un mal qui le faisait beaucoup souffrir. Il avait été plusieurs fois à Lyas pour subir une opération, mais sans succès. Il prit confiance en Notre Dame de Lourdes, visita la grotte, malgré la peine qu'il avait à marcher... Au bout de quelques jours, guéri, il laissa ses béquilles en ex-voto aux pieds de Marie...

Dans le courant de juin 1889, Mme Louise Chapus, de Tauzuc, se trouva dans l’impossibilité de continuer à travailler à la fabrique, à cause d’un mal d’yeux chronique, dont elle souffrait horriblement. Elle communiqua à sa mère son désir d’aller faire  un pèlerinage à N.D. d’Orthial.

Elle partit pour Saint Pierreville le Dimanche matin, assista à la Messe et communia . Ensuite elle se rendit à la grotte, elle y pria , s’y lava les yeux et fit à Marie l’offrande des 15 centimes que sa Mère lui avait donnés pour son déjeuner… Un mieux se produisit bientôt, la jeune fille put reprendre son travail et le  continua plusieurs mois sans souffrir.

Ainsi, chaque jour, la Mère de Dieu était priée dans son humble grotte d’Orthial, non seulement par les habitants de St Pierreville, mais encore par d’autres personnes venues de loin… Plusieurs s’y étaient senti soulagées… Devant cette foi, devant ces faits, et animée par son grand amour envers Marie, Sr Anastasie voulut faire quelque chose de plus. M. L’Archiprêtre, lui aussi de plus en plus ardent et zélé, proposa le couronnement de la Vierge, proposition accueillie avec bonheur. Quelque temps après, on commandait à Paris deux couronnes pour N. D. d’Orthial, l’une était l’offrande de Mlle M.V. guérie d’un mal de gorge, après une promesse, faite par sa mère à N. D. de Lourdes......

En même  temps, commencèrent  les préparatifs de la fête, car on la voulait splendide. On procure un autel
à la petite grotte, on fit élargir l’esplanade... Tout cela n’allait pas sans dépenses. Comme la 1ère fois les secours affluèrent assez nombreux, pour qu’on pût entreprendre, sans trop de témérité de miner dans les 1ers jours de mai et la fête fut fixée au 11 mai. Mgr Bonnet devait venir à cette date pour donner la confirmation aux enfants de canton ...

Chose bien consolante, il ne se trouva pas, dans toute la ville, une seule personne qui ne voulut prêter son concours efficace à la préparation de cette nouvelle fête en l’honneur de Marie. Chacun rivalisa de zèle ; aussi comme elle était coquettement parée, la modeste bourgade !... Ce n’étaient partout que fraîches guirlandes et joyeuses  oriflammes flottant au vent. Sur tout le parcours, des écussons aux armes du souverain Pontife et de Mgr  de Vivier s’entremêlaient à la verdure, alternant avec gracieux cartouches où éclataient en lettres flamboyantes, à la fois comme une supplique et comme un hommage, les plus glorieuses invocations des Litanies de la Ste Vierge. 

À l’entrée du Bois, un arc de triomphe se dressait, portant bien haut dans le ciel, le monogramme de Marie. L’Abbé Hilaire, économe des prêtres de St Basile et ami particulier du Sacré-Cœur. qui avait bien voulu se charger des travaux de décoration, s’était surpassé lui-même dans son rare talent de décorateur ; il fut aidé par les chers Frères...

Mgr Bonnet arrive le vendredi, jour de la 1ère communion. Le samedi, veille du couronnement, devait avoir lieu une procession aux flambeaux et une magnifique illumination. Un vent malencontreux, qui soufflait en tempête empêcha la réalisation de ce projet. Le lendemain, dimanche, quelques  gouttes d’eaux tombèrent dans la matinée et purent faire croire un instant que la fête serait empêchée... Mais bientôt les menaces de pluie avaient totalement disparu... Dès l’aube, les Messes se succédèrent sans interruption dans l’église, car, comme au jour de l’inauguration les prêtres étaient venus nombreux... 

Nous citerons M. Bourg, Grand Vicaire, M Blanchard, Archiprêtre de St Péray… Mgr célébra le Saint Sacrifice à 8 heures et distribua la Sainte Communion à un grand nombre de personnes. À 10 heures, après une Messe basse, la procession s’organisait et dirigeait vers la grotte au chant de pieux cantiques. Les petites filles en habits blancs avec une écharpe rouge marchaient fièrement en tête ; puis un char gracieusement orné, était porté par quatre jeunes filles de l’école. À la suite venaient Mgr l’Evêque et son Clergé...

Lorsque la procession eut achevé de se dérouler et que la foule fut massée sur l’esplanade, M. l’Archiprêtre de St Pierreville offrit le Saint Sacrifice de la Messe ... La cérémonie solennelle du couronnement par Mgr succédait au sacrifice, puis sa Grandeur, gravissant les degrés de l’estrade, vanta sa bonté de Mère. La foule était suspendue aux lèvres de l’éloquent prélat et sa parole fit verser bien des larmes d’attendrissement, et augmenta la confiance des auditeurs en Marie, elle accrut aussi la joie qu’éprouvaient les habitants de St Pierreville d’avoir, au milieu d’eux, une protectrice si puissante et si bonne. Le discours de Mgr terminé, le procession prit le chemin de l’église, où le Salut du St Sacrement clôtura la cérémonie. Non point la fête, car tous les cœurs étaient à la joie, et cette joie voulait se manifester. Vers 2 h, de l’après-midi, on vit s’élever un ballon à couleurs variées. Il s’éleva très haut dans les airs. Puis, comme si le vent avait obéi à un ordre donné, il le poussa du côté de la grotte ... Après avoir salué la Madone, il alla bientôt atterrir du côté de Tauzuc. Le soir, sur l’initiative de la jeunesse, un très beau feu d’artifice fut tiré en l’honneur de Marie. Ensuite s’organisa, sous la présidence de Mgr, une magnifique procession aux flambeaux. Le temps était calme, la température douce ; aussi l’affluence était-elle nombreuse. À voir se dérouler le long du sentier de la grotte ce gracieux ruban de feu se mouvant dans les ténèbres, on se serait cru transporté à Lourdes... La grotte était particulièrement illuminée, grâce à la générosité d’une amie d’Orthial, et la blanche statue, dominant le bois, se dressait rayonnante sous le ciel noir, apparaissant à la fois comme un symbole et un espoir  « Enfants bien-aimés semblait-elle dire, je vous bénis,  je serai le phare de vos heures sombres, la lumière qui brillera toujours pour vous montrer la route...                            

Levez les yeux vers moi, venez à moi ! »

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